Au plafond, les ampoules mises à nu se balançaient tristement, faisant danser les ombres sur le sol. Elles grésillaient leur agonie et entrecoupaient les ténèbres d’une lumière aléatoire. On aurait dit le bourdonnement incessant d’un insecte. Une bonne grosse bestiole venue s’étrangler dans sa toile. L’endroit est crasseux et jonché de déchets. Une odeur de renfermé embaumait l’air de ses horribles effluves. En plus des ordures, la décrépitude du bâtiment donnait froid dans le dos avec la peinture écaillée des murs et les objets hétéroclites qu’on avait abandonné. Passant des vieux câbles électriques à moitié grugés par les rats jusqu’aux vestiges des meubles, ce bric-à-brac reflétait la personnalité chaotique de son invité. L’idée qu’un être humain puisse y vivre était grotesque. Personne de sain d’esprit n’y trouverait son bonheur. Les morts peut-être. Après tout, n’était-ce pas ce qu’il était à présent ? Mort ou, dans le meilleur des cas, disparu. C’était la seule explication logique à cette absence prolongée d’éclats de rire dans la noirceur de Gotham City. En vérité, il aime trop cette ville pour la quitter. Il l’aime tellement qu’il l’étoufferait de ses propres mains et l’embrasserait de sa folie. Il est vrai que cet amas de ruines a bien changé… Quatre ans depuis Bane. Douze ans depuis Dent. Dix-Huit ans depuis l’apparition de l’homme chauve-souris... Alors que les politiciens pleurent leurs poches vides, les gangsters financent la reconstruction de la ville, plongeant leurs racines encore plus profondément dans le système. Personne n’est dupe. On ne voit pas les travaux comme un acte de charité, mais alors que le nombre de sans-abris et le taux de criminalité sont en hausse, on a pas tous le loisir de refuser un logement à bas prix. Des compagnies privées et inconnues s’installent dans la jungle d’immeubles, faisant compétition à la Wayne Enterprise. De nouveaux produits apparaissent sur le marché des stupéfiants, notamment la drogue ICE dont les fêtards raffolent à cause de ses effets euphoriques. Sous un angle plus positif, on inaugure le nouvel Hôpital Général ainsi que le Stade. De plus, la crise économique semble enfin s’essouffler… Et puis, l’espoir est revenu. Comme une mite attirée par la lumière, il n’arrive pas à s’éloigner du danger depuis qu’on murmure le retour du justicier masqué. Ce bon vieux Batsy ! Toutefois, il est un peu sceptique. Le Batman actuel semble... un peu novice ? Quelque chose est différent chez lui, il peut le sentir. Le meilleur est-il vraiment derrière nous Batsy ? Oh non, le meilleur du pire est à venir ! Après tout, même depuis les tréfonds de son tombeau, on peut avoir le sourire aux lèvres.