Chapter 1 : I was a little girl alone in my little world who dreamed of a little home for me... Je n'ai jamais détesté quiconque. C'est une règle de vie que mes parents m'ont enseignée dès mon plus jeune âge. Ils ont toujours été si... Condescendants envers tout le monde ! Ils m'ont appris à toujours être parfaite mais sans jamais avoir l'air de me sentir supérieure – même si je l'étais. Première en classe, première en sport, même en gymnastique j'étais première nationale dans la catégorie des moins de 15 ans. C'était si pathétique. On aurait dit qu'ils se nourrissaient de mon succès. Moi ? Je ne faisais qu'obéir. Quand ils voulaient que j'obtienne un A, j'obtenais un A+. Quand ils voulaient que je sois la première de l'école, j'étais la première de l'état. J'avais constamment besoin de leur approbation.
Je suis née il y a trente ans. Je sais je ne fais pas mon âge, je suis tellement souple que tout le monde aimerait savoir jusqu'à quel point je peux me plier. Il paraît que c'est excitant une fille qui peut se contorsionner. Quand j'étais gamine je ne pensais qu'à une chose : gagner. C'était ma priorité parce que c'était aussi celle de mes parents. Être première, la meilleure, la numéro un. Mais parallèlement à leurs projets démesurés à mon sujet, j'avais mes propres ambitions. Je ne voulais qu'une chose : trouver un homme qui m'aimerait autant que je l'aimerais, l'épouser et avoir des enfants avec lui. Le rêve de toutes les petites filles.
Vous savez, quand une grosse tête comme moi commence l'année scolaire, deux choix s'offrent à elle : devenir stupide ou devenir le souffre-douleur de la promo. Je n'ai fait ni l'un ni l'autre. À la place je suis devenue populaire. Ça n'a même pas été difficile : une blonde aux yeux bleus intelligente et sportive ne cherche pas longtemps avant de se faire des amis. Je n'étais peut-être pas la reine de mon école, mais j'étais très appréciée en partie pour mon physique mais surtout parce que je passais mon temps à vouloir aider tout le monde. J'avais la chance d'être brillante, gentille et idéaliste. J'étais dans plusieurs associations qui venaient en aide aux sans-abris, aux femmes battues ou encore aux animaux, mes parents ne pouvaient pas être plus comblés.
Mais ils l'ont été : le jour où j'ai annoncé que je voulais devenir médecin. Ils étaient tellement fiers que je n'ai pas pu m'empêcher de sourire pendant des jours. Ils l'ont dit à tout le monde : la famille, les amis, même aux collègues de travail ! Quand j'ai terminé le lycée – major de ma promo – les gens m'encourageaient tout en me disant que ce n'était pas grave si je changeais d'avis en cours d'étude. Lorsque j'ai obtenu mon diplôme en psychologie – m'ouvrant ainsi la porte de l'école de médecine – mes proches me félicitèrent mais m'assuraient aussi que la psychiatrie était vraiment très difficile. Et quand enfin plusieurs années plus tard j'ai obtenu ma licence de psychiatre – spécialisée en neuropsychiatrie – tout le monde m'a répété que j'étais brillante mais que je ferais mieux de trouver un petit poste tranquille pour faire mon trou.
D'après eux, mon enfance heureuse était un handicap, j'étais trop jeune, belle et douce pour faire correctement mon travail. Je n'avais jamais eu à me battre pour obtenir quoi que ce soit alors je ne pouvais pas être assez forte pour affronter les démons des autres. Seuls mes parents me poussaient encore à dépasser mes limites et à briser les préjugés. Alors j'ai fait ce que personne n'aurait pu prévoir, pas même eux : je me suis faite engager à l'hôpital carcéral d'Arkham. J'allais leur prouver à tous que j'étais capable d'affronter les pires criminels afin de les remettre sur le droit chemin.
Chapter 2 : I am a new breed of doll, psycho baby doll gone wrong. Arkham, c'est un peu comme le zoo. Chaque spécimen qui s'y trouve est différent de son voisin même s'il peut arriver que certains se ressemblent sur certains points. Et quand un nouveau fait son entrée, toute l'attention de tout le monde est concentrée sur lui jusqu'à ce qu'il fasse ses preuves. C'est la même chose pour les membres du personnel. Quand j'ai commencé à travailler, on m'a clairement fait comprendre que pour ma propre sécurité il valait mieux porter des vêtements amples, mettre des chaussures plates et surtout ne pas se rapprocher des prisonniers.
Je l'admets, c'était effrayant au début. Gardiens et prisonniers tous confondus me mettaient mal à l'aise, ils étaient comme une meute de loups affamée face à sa nouvelle proie : moi. Comme si à Arkham, les criminels n'étaient pas tous en cellule. Il m'est arrivé de songer à partir, de chercher un autre poste. Mais il y avait mes parents, si fiers, et il y avait cet homme...
Lui.
Lorsque le Joker m'a été assigné, j'ai d'abord cru à une erreur. Sûrement on ne confierait pas un criminel comme lui à une jeune recrue comme moi. Mais j'ai appris par la suite que c'était volontaire, dans l'espoir de le voir se confier plus facilement à une jeune femme plutôt qu'à un vieux bonhomme. Bien sûr j'étais consciente de ses crimes, je savais pourquoi il était là et grâce à qui. Personnellement, je ne m'intéresse pas à ce Batman, il n'a aucune légitimité. S'il voulait vraiment nettoyer la ville, il n'avait qu'à devenir policier, tous ne sont pas forcément corrompus et au moins il y aurait des limites à ce qu'il a le droit de faire. Je n'approuve pas ses méthodes violentes, aussi efficaces soient-elles.
Et cette opinion s'est renforcée au contact de Jack Napier. Il n'aime pas ce nom, mais je refuse d'employer le patronyme qu'il s'est choisi. L'appeler 'Joker' reviendrait à reconnaître le criminel qu'il est et l'empêcherait de revenir à la personne qu'il était auparavant. Alors nous avons fait un compromis. Mister J. a fait beaucoup de progrès au fil de nos séances. Il était réticent au début bien sûr, qui aurait envie de raconter les détails sordides et les maltraitances subies à une parfaite inconnue ? Mais il a fini par s'ouvrir à moi comme je me suis ouverte à lui. Nos rendez-vous ont fini par être ce qui me faisait tenir. Il était si gentil, amusant... Bien loin de l'affreuse image que les médias ont donnée de lui. En réalité, Mister J. est loin d'être fou, il est juste trop brillant et à trop souffert. La combinaison des deux a fait de lui un criminel.
C'était injuste. Je souffrais pour lui, à chaque fois qu'il me racontait un nouveau souvenir traumatisant je devais retenir de plus en plus mes larmes, cacher les sursauts dans ma voix et les demi-cercles que mes ongles laissaient sur ma paume a force de serrer le poing. Même à Arkham il était malmené, condamné à l'isolement. Et malgré tout ce qu'il avait subi, il restait un gentleman avec moi. Toujours poli, toujours charmant. Un jour il m'a fait remarquer que je n'avais pas à me déguiser pour nos rencontres, que la dernière chose qu'il voulait c'était me faire du mal. Il avait dit cela avec tant de sincérité que je n'avais pas pu m'empêcher de lui sourire timidement avant d'acquiescer.
Et puis un jour il était parti. Bien sûr, j'étais heureuse de le savoir libre : Arkham n'était pas un endroit pour un homme aussi gentil que lui. Mais je ne pouvais m'empêcher de me sentir abandonnée. Je n'avais désormais plus mon Mister J. avec qui parler, j'étais seule. J'aurais dû me douter que quelqu'un qui me comprenait si bien ne m'oublierait pas. La première lettre est arrivée peu après la mort de ma mère. La seconde alors que j'avais presque été frappée par l'un de mes patients. La suivante quand j'ai coupé les ponts avec mon père. Et ainsi de suite, toutes signées 'Mister J.' et petit à petit toutes accompagnées d'un présent. Une rose, un pendentif, un bouquet...
Je continuais de suivre ses crimes dans le journal ou à la télévision, mais pour moi il n'était pas le criminel sans cœur qui était décrit par les journalistes. Il avait été enfermé contre son gré dans un établissement où il n'avait fréquenté que des fous et des monstres, ça laisse des marques. J'étais la seule à lui apporter un peu de réconfort, à le comprendre et à l'apprécier sincèrement. Alors quand il a été renvoyé dans sa cellule après avoir été passé à tabac, quelque chose en moi s'est brisé. Oui il avait peut-être repris ses activités criminelles, mais méritait-il d'être blessé de la sorte par des policiers, supposés protéger tous les citoyens de Gotham quels qu'ils soient ?
D'abord Batman qui se prend pour une chauve-souris justicière et maintenant les brutes de la police... Si tout le monde avait décidé de se faire justice soi-même et n'importe comment, alors moi aussi j'allais le faire ! Mister J. pourrait m'apprendre, et peut-être que cette fois on s'enfuirait ensemble. Mais d'abord il devait guérir. Je justifiais les heures que je passais à son chevet en disant que nous avions repris nos séances, ce qui n'était pas totalement faux. Nous avons continué de nous rapprocher, si près que je peux dessiner les détails de sa balafre de mémoire. Nous avons fait des projets ensemble, il m'a même promis de m'offrir des bébés quand il sortirait d'Arkham.
Alors la semaine suivante nous sommes sortis. J'avais un peu de sang dans les cheveux, ça me donnait un côté rock plus marrant. Par contre je me serais bien passer des morceaux de cervelle sur mes nouvelles chaussures. Et j'ai cassé mes lunettes. Mais peu m'importait puisque Mister J. et moi étions libres ! Les morts que je laissais derrière moi m'avaient procuré un sentiment de puissance et d'excitation. Je savais, scientifiquement parlant, que cela avait un rapport avec l'adrénaline dans mon corps mais honnêtement, je reste persuadée que la présence de mon clown préféré à mes côtés était une explication plus savoureuse.
Chapter 3 : Over the bend, entirely bonkers, you like me best when I'm off my rocker ! Ce qui est amusant, c'est que la plupart des hommes se serait damnée pour se retrouver la tête entre mes cuisses. Même en sachant que ce serait la dernière chose qu'ils feraient avant de mourir. Sentir leur nuque se briser me fait glousser à chaque fois. Si mon père savait ça, il ne serait pas très fier de sa petite princesse ! Mais Puddin' lui, oh Puddin' il aimait ça. Il a toujours aimé que je sois un peu vilaine. Et moi j'aimais Puddin'.
Au début il a dû se montrer dur évidement, il voulait que j'apprenne le plus vite possible pour ne pas me perdre. Il m'a offert mes bébés – deux hyènes absolument adorables – baptisées Bud et Lou. Il m'a aussi trouvé un surnom : Harley Quinn. À croire que mes parents avaient déjà entendu cette blague ! J'ai aussi eu un costume pour mon anniversaire, une combinaison rouge et noire d'arlequin et tout la panoplie qui va avec. Bien sûr maintenant je ne le mets plus, il fait trop chaud et il est démodé. Et puis on a pillé et ravagé la ville en amoureux. C'était le bon temps. On avait même un parc rien qu'à nous, avec les machines à barbe-à-papa et des bazookas.
Je me suis faite de bonnes copines avec le temps. Green – enfin, Pamela – et moi nous sommes rencontrées en pleine séance de shopping. J'avais entendu parler de ce gros diamant supposé être impossible à voler tant la sécurité était importante autour de lui, et bien sûr il fallait que je leur montre leur erreur pour qu'ils s'améliorent. En plus je cherchais justement un cadeau pour notre anniversaire à Mister J. et moi. Et là, en plein cambriolage sur qui je tombe ? Littéralement sur Pam. Boum ! C'était le destin... Sélina est moins cool, en plus je suis allergique aux chats, mais elle a un chouette style vestimentaire. Quoi qu'un peu trop noir pour moi.
Et puis il y a mes amis d'Arkham aussi. J'y suis régulièrement retournée au fil de mes arrestations, comme ça je pouvais les voir et organiser des après-midi bingo ou chorale avant de retrouver mon Puddin' s'il n'était pas trop fâché de mon absence.
C'était vraiment une vie parfaite, jusqu'à ce que cette brute de Bane débarque. Avec ses explosifs et sa voix de Dark Vador. On avait eu vent de ses projets avec Mister J. alors nous avons décidé de quitter la ville tant que c'était encore possible. J'ai dû convaincre mon clown que nos projets étaient plus importants que de brûler avec la ville. De toute façon, le balourd et sa poupée allaient se planter, comme tous ceux avant eux – nous y compris. Mais vraiment, moi aussi j'aurais voulu faire exploser Gotham ! Et j'étais là en premier, quel malpoli ce Bane.
Après ça, c'était comme si on était en lune de miel. Puddin' nous emmenait là où le vent et l'argent nous emportait. C'était parfait. La nouvelle de la mort de Batsy a été un choc. Décidément ce Bane n'avait aucun savoir vivre, il nous avait non seulement pris notre ville mais il aussi également provoqué la mort de notre jouet préféré. Je n'avais jamais Mister J. dans cet état. Alors forcément quand la rumeur a commencé à se répandre que Batsy était de retour, nous avons programmé le notre également. Mais il fallait faire attention, jouer finement sinon la punchline serait raté et la blague tomberait à l'eau. Alors nous avons prévu.
Et puis finalement je suis rentrée à Gotham. Seule. Enfin, j'ai la bande de clown avec moi bien entendu, mais Puddin' me manque. Il me manque tellement qu'il n'est pas difficile pour moi de jouer la veuve éplorée. Comme ça, quand il sera de retour, ça sera la surprise du siècle ! Batsy ne va pas en revenir cette fois. Pas que je souhaite sa disparition. Non, vu l'état de mon Mister J. la dernière fois que la chauve-souris géante est morte, je préfère qu'il reste en vie. Je l'aime bien en fin de compte, il joue toujours avec nous quand on lui demande. De tout façon, je ne déteste personne. Je n'ai jamais détesté quiconque. Au contraire, j'aime profondément, de tout mon être et de toute mon âme ou du moins ce qu'il en reste. J'aime mon Puddin' et comparé à lui, tout le reste, tous les autres n'ont aucune importance...