Les landes verdoyantes de l’Irlande ne sont que des images pour la petite Eleanor. Elle regarde avec envie les grands châteaux et les étendues sauvages dans les documentaires qui passent à la télévision, se sentant interpellée par ce royaume qu’elle n’a jamais vu. Ses parents viennent de ce pays lointain, mais la brune est née dans les rues de Gotham peu de temps après leur installation dans cette grande ville. En quête d’un avenir meilleur, ils poursuivent ce qu’on appelle « le rêve américain ». Ils auraient surement mieux fait d’aller en Floride où en Californie. Ici, la vie est peut-être plus luxueuse depuis qu’ils ont ouvert leur pâtisserie, mais pas plus simple… Entre l’odeur des délicieuses pâtisseries et celle du sang qui coule en ville, les O’Neill travaillent dur pour se faire une place en Amérique et, petit à petit, ils se font une réputation parmi les commerces de la ville. En plus de leurs amis dans la communauté irlandaise, des clients de tous les coins de Gotham viennent goûter à leur spécialité. Pendant que ses parents se tuent à la tâche, il arrive que la petite Eleanor joue dans la rue avec les autres enfants du quartier, principalement avec les garçons qui n’ont pas peur de son esprit de compétition lors des parties de foot. Quand elle ne traîne pas avec la bande, Eleanor squatte souvent à la bibliothèque dont elle dévore la section des romans fantastiques. Elle rêve de châteaux, de dragons et de quêtes épiques. Toutefois, elle se perçoit davantage comme le prince charmant plutôt que la princesse en détresse. Comme si elle allait tourner en rond dans une tour, non merci !  

Eleanor a un caractère bien trempé dès son jeune âge. Elle n’aime pas partager ses choses et elle adore avoir l’attention de ses pairs, dont celle de ses parents qui travaillent malheureusement tout le temps. D’ailleurs, lorsque sa cousine vient emménager avec eux et qu’elle perd son statut d’enfant unique dans la demeure, Eleanor devient insupportable. Jouant des farces odieuses à sa cousine en plus d’essayer de la supplanter dans toutes les disciplines, une rivalité s’installe entre les deux jeunes filles jusqu’à l’âge adulte. En dehors de la maison, Eleanor reste très liée avec ses amis d’enfance malgré le fait que certains aient pris des chemins plus sombres que d’autres. Pendant son adolescence, ses parents s’inquiètent à cause de ses dangereuses fréquentations et le fait que sa curiosité l’amène toujours un peu trop près des ennuis. C’est bien dans cet entrepôt que le Batman a attrapé les hommes de main de Carmine Falcone, non ? Et si on allait y faire un tour ?

Dans tous les cas, ses géniteurs furent soulagés lorsqu’elle entra dans l’académie de police suivant ses envies de devenir enquêtrice pour pouvoir mettre son nez dans les affaires de tout le monde. Pendant un temps, Eleanor se comporta bien et passa ses examens en étant première de classe. Elle maintient une bonne forme physique quoique son penchant pour les délices sucrés de la boutique de ses parents lui permet de maintenir des courbes très féminines. La brune est sans pitié avec les autres étudiants et se fait valoir dès qu’elle le peut. La coquette recrue qui lève toujours la main en classe ? C’est elle. Autant vous dire que le travail d’équipe ce n’est pas son point fort et elle développe une réputation de « je-sais-tout » assez rapidement. Elle s’en fiche bien, ses vrais amis restent ceux avec qui elle a grandi. Néanmoins, elle ne les voit plus aussi souvent et la rumeur veut qu’ils aient mal tourné. Parlant de malheurs, depuis l’explosion de l’Hôpital Général, des connaissances proposent aux O’Neill de s’occuper de la « protection » de la pâtisserie en disant qu’entre Irlandais il faut s’entraider dans ces temps difficiles.


En 2005, elle sort diplômée de l’académie de police avec un sentiment mitigé. Ses très bonnes notes aux travaux pratiques équilibrent son presque échec lors des simulations en équipe, mais est-ce suffisant pour se faire une place dans les services de police de Gotham ? Il faut croire que le haut taux de décès des agents est en sa faveur puisqu’ Eleanor réussit à se dégoter un poste dans la GCPD. Elle commence tout naturellement en bas de l’échelle et ce n’est pas facile pour la brune qui doit marcher sur son égo lorsqu’on la prend davantage pour une secrétaire que comme un agent du service. D’ailleurs, les hommes avec qui elle travaille comprennent rapidement que « mon chou » et « chérie » ne sont pas des façons correctes de l’appeler puisqu’ils se retrouvent systématique au sol lors des entraînements en salle de sport. Par chance, son intellect et son instinct aiguisés l’aident à se faire valoir comme un élément important de l’équipe. Elle monte en grade et devient agente de police, puis enquêtrice pour son plus grand plaisir. Toutefois, son manque d’initiatives et de coopération avec les autres agents ne lui permettent pas d’accéder à des postes plus élevés. C’est très simple : une personne sur deux la déteste à cause des rumeurs qu’elle fait courir dans le service. Les autres, quant à eux, ne peuvent nier son bon travail et cette façon qu’elle a de rendre toutes ses histoires très intéressantes. Là est la contradiction, Eleanor a un certain charisme en plus d’un amour pour l’attention des autres. C’est à cause d’elle qu’on passe la totalité de ses pauses autour de la machine à café pour papoter et rigoler. Pourtant, sur le terrain, elle n’écoute pas les ordres et n’en fait qu’à sa tête.

Dans la même période, Eleanor se met à aimer être entourée de jolies choses. Elle loue un appartement de bonnes dimensions au centre-ville, elle s’achète des complets hors de prix et une nouvelle voiture. Bref, elle commence à s’endetter et, malheureusement, ses parents aussi alors que l’Alliance Irlandaise demande des sommes de plus en plus exubérantes pour maintenir « la sécurité » dans le quartier. En 2010, dans des circonstances nébuleuses, c’est son ami d’enfance, Brody Callaghan, qui prend la tête du groupe. C’est à la fois un soulagement et une entrave de plus : il lui propose de passer l’éponge sur les dettes de ses parents ainsi que de lui offrir une somme colossale d’argent en échange de quelques petits services. Aveuglée par l’appât du gain et démotivée de se voir refuser ses promotions, Eleanor accepte de devenir une taupe et vend des informations à la pègre. De plus, pour discréditer encore plus l’homme chauve-souris à la demande de la mafia, Elenaor retrouve sa passion de la littérature et publie des histoires sur l’homme masqué. Dans un mélange de véritables informations trouvées dans les archives et des mensonges de son cru, elle signe ses œuvres du prénom « Elian Nord ». Ses publications sensationnalistes lui attirent une certaine célébrité, même sous le couvert de l’anonymat. Pour endormir les soupçons de ses collègues et pour obtenir des codes d’accès aux dossiers les plus importants, elle monta un petit stratagème dans lequel elle séduit sa supérieure hiérarchique lors de l’annuel repas de Noël précédant l’année 2011. Cette relation entre collègues fit ses débuts dans le plus grand des secrets et Eleanor se félicita chaque jour d’avoir eu l’audace de faire les premiers pas. Tout était parfait : elle était dans les bras d’une femme extraordinaire et magnifique, son compte en banque n’avait jamais été si plein et le commerce de ses parents prospérait comme jamais. Puis, tout s’effondra, à commencer par le stade de football qui enferma sa douce moitié ainsi que son équipe sous terre.


Elle passa ces mois cauchemardesques coincée à Gotham City, partagée entre l’équipe qui apportait des vivres aux survivants dans les souterrains et le refuge de ses parents. Elle fuyait les hommes de Bane qui l’avait identifié comme faisant partie de la GCPD et, pour se divertir, elle se mit à écrire des histoires sur le Batman qui les avait abandonné ainsi que sur Dent qui avait été la plus grande arnaque du 21e siècle. Eleanor avait besoin de quelqu’un à blâmer pour ses malheurs et elle se promit que, si elle sortait vivante de ce mauvais rêve, elle publierait ses écrits sous son véritable nom cette fois. Lorsque la guerre pris fin avec le sacrifice du Batman, la brune fit brûler les pages concernant le héros déchu et se mis à travailler sur un manuscrit concernant l’ancien procureur. Les choses semblaient rentrer dans l’ordre et, même si la ville était en ruine, les gens reprenaient leur petite routine. Il en était de même pour la jeune femme qui avait repris ses combines avec l’appui financier de Callaghan malgré la présence marquée de l'armée. Grâce à cet argent, elle acheta une bague pour sa copine dont elle planifiait de demander la main depuis la libération de Gotham. Tant d’horreurs dans la dernière année lui avait fait comprendre quelles étaient les choses importantes dans son existence. Certes, Eleanor menait un genre de double vie entre sa carrière d’enquêtrice, celle de taupe pour les Irlandais ainsi que sa renommée montante comme auteure à scandale, mais si tout allait bien, pourquoi ne pas continuer ? Un jour, alors qu’elle fouillait dans le bureau de sa tendre moitié en quête d’informations à refiler à Brody, elle tomba sur le résumé d’un meurtre sanglant concernant les parents de sa future fiancée. Sa surprise lui fit baisser sa garde et elle n’entendit pas cette dernière s’approcher. Une dispute éclata alors, suivit par la chute de son sac à main dont le contenu se renversa sur le sol : dossiers confidentiels, photos de potentiels suspects, rapports des agents sous couverture… Malgré tout l’amour qui les unissait, Anna choisit de la dénoncer.

Vers la fin de l’année 2014, après son renvoi de la GCPD, Eleanor O’Neill est devant le tribunal et le verdict en surprit plus d’un : non coupable. Merci Brody ! Ce beau paquet de billets offert au jury semblait avoir porté ses fruits. Profitant du fait que la presse parle encore d’elle, la brune publia son deuxième livre tout en revendiquant ses droits sur le premier. Le masque d’Elian Nord tomba et la brune commença dès lors sa nouvelle vie mondaine sous les flashes des journalistes. Aujourd’hui, on ne peut toujours pas prouver ses liaisons avec la pègre, mais cela ne l’empêche pas de garder contact avec ses vieux amis. Il est vrai que sa célébrité lui monte un peu à la tête et il n’est pas rare de voir l’écrivaine à pottins faire des entrevues à la télévision, à la radio, dans les journaux, etc. Après avoir aidé à la reconstruction de la pâtisserie de ses parents, avec sa cousine, Eleanor monta sa propre agence de détectives privés. Son besoin de fouiller dans le passé des gens ne s’est toujours pas assouvi et, lorsqu’un de ses cas en vaut la peine, elle met l’histoire sur papier pour ensuite l’ajouter à la liste de ses publications. Elle change les noms, bien entendu. À l’heure actuelle, son dicton favori est : parlez-en en bien ou parlez-en en mal, mais parlez-en.